106 t¹574] JOURNAL

Le a3, le Roy arriva à Avignon. En y allant, le train du Roy et de la reine de Navarre, suivant en batteau par le Rhosne, fit naufrage au pont St.-Esprit, où se perdit beaucoup de bons meubles ; et de trente à quarante personnes qui étoient dans le batteau, vingt ou vingt-cinq se noyèrent, entr'autres Alphonse de Gondy, maistre d'hostel de ladite Reine.

En ce voyage aussy l'argent se trouva si court, que la pluspart des pages du Roy se trouverent sans manteaux , estans contraints de les laisser en gage, pour vivre, par ou ils passoient; et sans le tresorier Le Comte, qui accommoda la Reine de cinq mil francs, il ne lui seroit demeuré ni dame ni damoiselle. On ne parloit alors que de ce diable d'argent, qu'on disoit estre tres-passé, et dont on fit l'epitaphe en vers.

En ce tems, le Roy écrivit aux Rochellois (0 que s'ils vouloient poser les armes et les faire poser à ceux de leur religion, il les remettroit en leurs privileges, biens et états. Leur reponse offensa plus le Roy que n'auroit fait leur silence.

Le 2 decembre, Henry-Robert de La Mark(»), duc de Bouillon, mourut en sa ville de Sedan, ayant eté empoisonné, selon le bruit commun. Par sa mort, fut donné le gouvernement de Normandie à Louis de Gonzague (3), <mc de Nivernois.

Le Roy, étant à Avignon, va à la procession des

{-) Le Roy écrivit aux RocheUqju t Le Roi leur offroit la liberté de conscience, mais leur défendit tout exercice public de leur religion. Brantôme fut un des agens de cette négociation. — (-) Henry-Robert de La Mark : il avoit épousé en 1558 Françoise de Bourbon-Mont-penaier. Sa 611e Charlotte de La Marck épousa en 15g t Henri de La Tour, vicomte de. Turenne. — (-) Louis de Gonzagne : il étoit troisième -Hs de Frédéric, duc de Mantoue, et s'attacha au service

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	106 t¹574] JOURNAL Le a3, le Roy arriva à Avignon. En y allant, le train du Roy et de la reine de Navarre, suivant en batteau par le Rhosne, fit naufrage au pont St.-Esprit, où se perdit beaucoup de bons meubles ; et de trente à quarante personnes qui étoient dans le batteau, vingt ou vingt-cinq se noyèrent, entr'autres Alphonse de Gondy, maistre d'hostel de ladite Reine. En ce voyage aussy l'argent se trouva si court, que la pluspart des pages du Roy se trouverent sans manteaux , estans contraints de les laisser en gage, pour vivre, par ou ils passoient; et sans le tresorier Le Comte, qui accommoda la Reine de cinq mil francs, il ne lui seroit demeuré ni dame ni damoiselle. On ne parloit alors que de ce diable d'argent, qu'on disoit estre tres-passé, et dont on fit l'epitaphe en vers. En ce tems, le Roy écrivit aux Rochellois (0 que s'ils vouloient poser les armes et les faire poser à ceux de leur religion, il les remettroit en leurs privileges, biens et états. Leur reponse offensa plus le Roy que n'auroit fait leur silence. Le 2 decembre, Henry-Robert de La Mark(»), duc de Bouillon, mourut en sa ville de Sedan, ayant eté empoisonné, selon le bruit commun. Par sa mort, fut donné le gouvernement de Normandie à Louis de Gonzague (3), <mc de Nivernois. Le Roy, étant à Avignon, va à la procession des {-*) Le Roy écrivit aux RocheUqju t* Le Roi leur offroit la liberté de conscience, mais leur défendit tout exercice public de leur religion. Brantôme fut un des agens de cette négociation. — (-*) Henry-Robert de La Mark :* il avoit épousé en 1558 Françoise de Bourbon-Mont-penaier. Sa 611e Charlotte de La Marck épousa en 15g t Henri de La Tour, vicomte de. Turenne. — (-) Louis de Gonzagne : il étoit troisième -Hs de Frédéric, duc de Mantoue, et s'attacha au service

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